Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Audrey Tcheuméo ne saisit pas sa chance, dans son duel à distance pour le dernier ticket olympique du judo français

Une place pour deux. Voilà la terrible et implacable logique du judo français, contraint d’aligner un seul judoka par catégorie aux Jeux olympiques de Paris 2024. Qui de Madeleine Malonga, vice-championne olympique à Tokyo, ou d’Audrey Tcheuméo, médaillée de bronze à Londres et d’argent à Rio, foulera les tapis de l’Arena Champ de Mars, le kimono brodé d’un coq ?
Tandis que les tickets des autres catégories ont d’ores et déjà été distribués, les sélectionneurs tricolores s’étaient déclarés dans l’impossibilité de départager les deux -78 kg : « Le comité de sélection a duré plus de cinq heures, s’attelant à observer toutes les compétitions, tous les combats, toutes les statistiques de ces deux athlètes à partir des championnats du monde de Tachkent en 2022, évoquait alors Christophe Massina, le responsable de l’équipe de France féminine. Nous sommes arrivés à une égalité parfaite : 40 % de réussite sur les tournois, 60 % de matchs gagnés pour toutes les deux, un nombre identique de rencontres remportées ou perdues contre des médaillées mondiales ou olympiques ! ».
Un véritable casse-tête qui avait poussé le comité de sélection à reporter son verdict à avril, le temps d’évaluer les performances des deux combattantes sur le circuit mondial. Pour les départager, l’affrontement a pris la forme d’un duel… à distance. Les deux femmes sont alignées sur deux Grands Slams distincts : Tbilissi (Géorgie), le 24 mars, pour Adurey Tcheuméo, Antalya (Turquie), le 31 mars, pour Madeleine Malonga. Une sorte de « golden score » dans lequel la moindre marque, le moindre résultat, sera à même de faire pencher la balance.
Audrey Tcheuméo (5e mondiale) ouvrait la danse, dimanche, une épée de Damoclès au-dessus de la tête : depuis sa défaite aux pénalités contre sa rivale, le 4 février dernier, en repêchage du Grand Slam de Paris, la native de Bondy (Seine-Saint-Denis) savait l’échéance géorgienne décisive.
Mais la vice-championne du monde des -78 kg a vu ses chances de victoire s’échapper dès les quarts de finale, après s’être inclinée contre l’Ukrainienne Yelizaveta Lytvynenko (20 ans, 13e mondiale). Dans un match à rallonge qui ne lui sied guère, Tcheuméo a écopé de trois pénalités, synonyme de disqualification (hansoku make) face à une adversaire peu inspirée, mais à l’initiative.
Dans le tableau des repêchages, après une victoire expresse au sol contre la Slovène Metka Lobnik (15e mondiale, 22 ans), la Parisienne a croisé la route de l’Allemande Alina Boehm, championne d’Europe en titre (7e mondiale, 25 ans). Un combat de référence, à même de peser lourd dans la balance à l’heure du comité de sélection.
Malgré une entame convaincante, où elle imposait une garde haute, Audrey Tcheuméo a payé sa baisse de rythme. Un contre de son adversaire, étrangement enroulée sur une technique de sacrifice, scellait finalement son sort au golden score. A l’annonce du waza-ari, la Française s’est accroupie, le regard un peu hagard, consciente que ses rêves de JO se complexifiaient.
Audrey finit 5⃣ème !Notre Française s’incline dans son combat pour la place de 3 et termine à la cinquième place de ce Grand Slam de Tbilissi. 🇬🇪📸 France Judo/T.Albisetti#JudoTbilisi #GoLesBleus #FierdEtreJudoka pic.twitter.com/tS1jNuPnOe
Cette cinquième place en Géorgie, pourrait de fait précipiter l’issue du bras de fer. Un coup dur pour la judoka de 33 ans, qui avait parachevé son retour au plus haut niveau en 2022-2023, après un long passage à vide. En mai dernier, elle avait failli redevenir championne du monde, douze ans après son premier titre (2011), à l’issue d’un parcours clinique. Mais la judoka a depuis marqué le pas.
Dans le même temps, Madeleine Malonga (11e mondiale) a retrouvé la régularité qui lui faisait défaut depuis les Mondiaux 2022, en terminant troisième du Grand Slam de Paris cet hiver et deuxième des Masters en août. C’est elle, désormais, qui tient le destin des -78 kg françaises entre ses mains : « Je donnerai ma vie sur cette compétition », assurait l’intéressé auprès de L’Equipe, avant d’aborder le Grand Slam d’Antalya où elle retrouvera une bonne partie des adversaires de sa compatriote.
Le comité de sélection fédéral devrait se réunir début avril pour attribuer le ticket qualificatif pour Paris 2024. A moins que les championnats d’Europe de Zagreb (Croatie) du 25 au 28 avril, ne soient retenus comme ultime dénominateur d’une équation à variables olympiques.
Louise Le Borgne
Contribuer

en_USEnglish